Marmotte sur un rocherMarmotte sur un rocher
©Marmotte sur un rocher|S. De Danieli - CD38
Marmottes, bouquetins, aigles royaux, ...Printemps : que se passe-t-il pour les animaux de nos montagnes ?

Printemps : que se passe-t-il pour les animaux de nos montagnes ?

Chaque saison apporte son lot d’évènements et d’adaptation pour les animaux de montagne. Après de longs mois d’hiver, de neige et de froid, les alpages reverdissent, le printemps est là. Qu’est-ce que cela signifie pour nos marmottes, bouquetins des Alpes, aigles royaux et tétras-lyre ? Que se passe t-il pour eux ? Nous avons fait appel aux gardes de la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse, qui les connaissent très bien et qui nous ont tout raconté.

Publié le 23 avril 2021

La marmotte

Objectif "reprise de poids"

Emblématique des montagnes des Alpes, la marmotte est également présente dans le massif de Chartreuse même si elle est plus discrète que dans d’autres vallées de Savoie.
La marmotte de Chartreuse hiberne pendant 6 longs mois (de septembre à fin mars environ). Vous comprenez maintenant pourquoi on dit « dormir comme une marmotte » 😊
De temps en temps, elle se réveille pour s’alimenter et… uriner. A son réveil au printemps, la marmotte est assez faible, elle a beaucoup puiser sur ses réserves (elle peut perdre jusqu’à la moitié de son poids).

Le printemps va être comme une renaissance pour elle. Son objectif ? Reprendre du poids pour le prochain hiver ! Elle aime la végétation fraîche et consomme beaucoup de plantes sauvages. De temps en temps, elle pourra manger des insectes ou des escargots, si elle en trouve par hasard.
Elle va ensuite pouvoir s’atteler à son terrier d’été (différent de celui d’hiver), qui abritera sa portée.

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Le tétras-lyre

C'est la parade

Le tétras lyre, aussi appelé « Coq de bruyère » est très occupé au printemps. Il doit déjà se remettre en forme après l’hiver durant lequel il a perdu des forces.

A noter : à la différence des autres oiseaux, son intestin lui permet de manger et digérer des aiguilles de pin. Pas l’équivalent d’une barre énergétique pour nous les humains, mais quand même de quoi se maintenir un peu en forme lors de ces quelques mois enneigés où la nourriture est difficile à trouver.

En avril-mai, monsieur Tétras cherche à s’accoupler, il entame ses nombreuses parades nuptiales en roucoulant à droite à gauche pour marquer son territoire et appeler ces dames.

De fin mai à début juillet, madame Tétras pond les œufs dans l’herbe à même le sol, les couve puis quand les petits sont nés, ils sont élevés.

De manière générale, pendant cette période les tétras sont très vulnérables et le moindre dérangement peut perturber la reproduction et le couvage des œufs (avec pour conséquence la diminution de leur population). Pour cette raison, restez sur les sentiers et tendez l’oreille, il n’est pas rare d’entendre roucouler le tétras. En restant sur le chemin et en gardant vos distances, vous profitez du concert proposé sans le déranger.

L'aigle royal

Fidèle et protecteur

Reconnaissable à son bec jaune crochu et son plumage marron, l’aigle royal niche sur les falaises de Chartreuse en couple. Au printemps, la femelle pond deux œufs, que le couple (en alternance, quand l’un couve, l’autre défend le territoire et nourrit la famille, et vice-versa) couvera pendant 45 jours. Un adulte sera toujours présent dans le nid jusqu’à ce que les aiglons soient suffisamment développés pour rester seuls.

Quand nous, les hommes, pratiquons des activités aériennes comme le parapente ou en utilisant un drone, nous pouvons entrer dans leur territoire. Pour le défendre, comme tous les oiseaux, l’aigle va quitter le nid et laisser ses œufs, qui vont descendre en température et possiblement mourir.

Pour protéger l’aigle royal en Chartreuse, des zones interdites aux activités aériennes ont été définies.

Le bouquetin des Alpes

Calme et majestueux

Le bouquetin des Alpes peuple les hauts plateaux de Chartreuse. Au printemps, la neige fond en altitude, les alpages reverdissent et les premières pousses d’herbes sont un délice pour lui après de longs mois sous la neige. Il va pouvoir reprendre les forces et le poids perdu pendant l’hiver.

Au printemps, la femelle est en gestation et mettra bas en mai-juin (la période de reproduction a eu lieu entre fin novembre et mi-janvier).

Nous, comme vous, aimons les observer. Cet animal incontournable de nos montagnes est assez facile à repérer pour qui cherche un peu. Afin de ne pas les déranger, restez sur les sentiers, à distance, et munissez vous d’une paire de jumelles. Si le bouquetin lève la tête pour vous observer cela signifie qu’il est dérangé par votre présence, dans ce cas, éloignez-vous.

En savoir plus sur la réintroduction du bouquetin

Le bouquetin des Alpes a été réintroduit en Chartreuse en 2010 (15 spécimens venant du Parc national de la Vanoise) et en 2011 (15 autres venant du massif de l’Oisans). Aujourd’hui, soit 10 ans après, ces bouquetins ne sont plus de ce monde (partis de leur belle mort, nous vous rassurons), ce sont leurs petits, devenus adultes qui peuplent nos montagnes. Tout se passe bien pour eux, cette réintroduction, menée par le Parc naturel régional de Chartreuse et les équipes de la Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse a été une belle réussite !

Découvrez en vidéo (4min) pourquoi le bouquetin des Alpes avait pratiquement disparu et comment s’est déroulée sa réintroduction.

A noter, la réintroduction du bouquetin en Chartreuse n’a pas fait partie du programme Alcotra mais l’idée est la même 😉

Ibex in the mountain : suivi transalpin du bouquetin
Ibex in the mountain : suivi transalpin du bouquetin
Ibex in the mountain : suivi transalpin du bouquetin

Confinements : quels impacts pour la faune ?

Si les confinements sont pour beaucoup d’entre nous synonymes de restriction de notre espace, pour la faune de montagne, c’est tout l’inverse !

Pendant que nous restons confinés dans nos maisons et appartements, la faune, elle, reprend possession de l’espace laissé libre par l’humain. Le concept de nature qui reprend ses droits prend alors tout son sens : pas de chiens à l’horizon (la faune de montagne n’est pas seulement sensible à sa présence mais aussi à son odeur, c’est pour eux un prédateur à fuir), pas de randonneurs, devant eux des kilomètres carrés de nature vierge de toute présence humaine. Dans un contexte où les animaux sont déjà fragilisés par la sortie de l’hiver durant lequel ils ont puisé dans leurs réserves, et sont en pleine période de reproduction et de naissance, ils auraient tort de ne pas profiter de ces nouveaux espaces.

Ainsi, dans un autre massif des Alpes, des randonneurs ont découvert des œufs de Tétras-Lyre le long d’un sentier après le premier confinement au printemps 2020. Ce qui n’arrive jamais quand les chemins sont fréquentés (les tétras vont plutôt privilégier des lieux isolés).

Lorsque nous pourrons revenir sur les sentiers, il est primordial de prendre en compte cela et d’y prêter attention. Notre retour en montagne aura un impact sur la faune. Il est donc conseillé :

  • De rester impérativement sur les chemins
  • De rester discret (on ne crie pas et on ne chante pas à tue-tête « Etoile des neiges… pays merveilleux » )
  • De ramasser ses déchets (mais on imagine que vous le faites déjà)
  • De ne pas emmener son chien sur les itinéraires interdits, ou le tenir en laisse sur les itinéraires autorisés

Nous parcourons des espaces naturels d’une beauté et d’une richesse exceptionnelle, qu’il est nécessaire de protéger.

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